Triste record : 30 requins tigres abattus en mars à La Réunion

À La Réunion, alors que le surf était formellement interdit après le cyclone Garance, les autorités ont poursuivi la traque et l’abattage massif de requins. Sous couvert de sécurisation, c’est surtout un triste record avec 30 requins tigres abattus en mars.

Mars 2025 : une tuerie sans précédent

Mars 2025 restera comme un mois noir pour la faune marine : en un mois, les pêcheurs du Centre de Sécurité Requin (CSR) ont abattu 30 requins tigres – on ne parle même plus des prises accessoires -. Un record historique, bien au-delà du triste pic d’octobre 2024 où 19 requins avaient déjà été tués.

Et pourtant : le surf et la baignade étaient interdites par arrêté préfectoral. La mer, rendue boueuse et dangereuse par les coulées de boues post-cyclonique, était vide d’usagers. Aucun risque humain réel. Aucun pratiquant à protéger. Alors pourquoi continuer à massacrer les requins tigres, d’autant qu’ils ne sont pas impliqués dans les accidents passés ?

Les requins, éboueurs naturels, diabolisés à tort

Après le passage du cyclone Garance fin février, l’île portait encore les stigmates d’un chaos naturel : ravines en crue, déchets charriés vers l’océan, écosystèmes bouleversés. Dans ces eaux troubles, les requins tigres suivent leur instinct millénaire de nettoyeurs des mers, attirés par l’afflux de nourriture.

Mais au lieu d’expliquer ce phénomène naturel, les autorités ont choisi de réagir par la violence, poursuivant une politique d’abattage massive et totalement déconnectée du contexte mondial réel.

Sécurité ou manipulation des chiffres ?

Durant tout le mois de mars, aucun surfeur n’était censé prendre la mer. Pourtant, les rares imprudents n’ont été ni verbalisés ni évacués : ils étaient simplement « observés » à distance. Comme lors du confinement COVID d’ailleurs … Et pendant ce temps, les opérations de pêche « préventive » continuaient sans relâche.

En réalité, cette politique semble répondre moins à des impératifs de sécurité qu’à des logiques budgétaires car :

  • Plus de requins capturés = plus de statistiques à présenter ;
  • Plus de statistiques = plus de financements pour maintenir le CSR et leur programme de destruction massive.

Une logique de chiffres, pas de bon sens.

Des pertes alarmantes pour la biodiversité

Le massacre de mars 2025 a des conséquences dramatiques pour la biodiversité marine :

  • 30 requins tigres tués, dont 24 femelles (8 adultes reproductrices) et 22 juvéniles : on tue les prochaines générations, on élimine donc très consciemment une espèce vivante.
  • 2 espèces menacées capturées accidentellement : un requin-marteau halicorne et une raie aigle, tous deux en danger critique d’extinction. Il y en a peut-être plus car les pêcheurs sont les seuls à informer le CSR des prises accessoires. Ils racontent ce qu’ils veulent.
  • 870 requins cibles abattus depuis 2018, un chiffre qui explose encore en 2025 avec 98 % de requins tigres (et 2% de requins bouledogues).

Le vrai danger : l’aveuglement humain

Les chiffres sont sans appel. Et ce ne sont pas les requins tigres qui menacent La Réunion.
C’est plutôt l’aveuglement humain, l’incapacité à penser autrement que par la destruction, l’obsession des statistiques. Chaque requin tué aujourd’hui fragilise un peu plus l’équilibre de l’océan. Chaque politique d’abattage à l’aveugle nous éloigne des vraies solutions : éducation, prévention, respect des cycles naturels.

Assez de mensonges. Assez de massacres.

À La Réunion, il est temps de sortir de cette spirale infernale.
Parce que le vrai courage ne consiste pas à tuer des animaux que l’on diabolise, mais à apprendre à vivre avec eux, comme le faisaient les anciens, à les comprendre, à les respecter. Protéger les requins, c’est protéger les océans.