Tourisme requins contre pêche aux requins à Gansbaai / Shark cage diving industry vs shark fishing in Gansbaai

Mercredi dernier (19 février 20), à Gansbaii, les opérateurs d’observation des requins ont été consternés de voir un bateau de pêche attraper des requins cuivre (Carcharhinus brachyurus) « exactement là où ils étaient occupés à observer les requins » avec des touristes.. Déjà mise à mal par l’absence des grands requins blancs depuis 18 mois, la faible reprise d’activité des opérateurs est condamnée par de telles pratiques.

Cette image, prise par Marine Dynamics, montre des pêcheurs attrapant les requins le 19/02/20 dans la zone de plongée en cage. L’autre bateau à notre droite est le négociateur qui leur demande de cesser de pêcher. Quatre requins cuivre ont été sortis de l’eau et tués. This image, taken by Marine Dynamics, shows fishermen catching the sharks on February 19 in the shark cage diving zone. The other boat to our right is the negotiator to ask them to cease fishing. Four copper sharks were hauled out of the water and killed.

Le requin cuivre

Pour mémoire, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classé le requin cuivre comme « quasi-menacé » dans le monde entier. Le déclin de sa population est lié à la surpêche sur une espèce dont le rythme de reproduction est lent. En effet, sa maturité sexuelle est tardive. De fait, les mâles et les femelles atteignent la maturité sexuelle à respectivement 13 à 19 ans et 19 à 20 ans. Le requin cuivre est pêché comme cible au large de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, en Afrique du Sud, au Brésil, en Uruguay, en Argentine, au Mexique et en Chine. C’est aussi et souvent une prise accessoire pour d’autres pêcheurs, prise dans les filets, les palangres de fond et les chaluts. Sa chair est vendue pour la consommation humaine. Il est également une proie très populaire pour les pêcheurs de loisir de Nouvelle-Zélande, d’Australie, d’Afrique du Sud, d’Argentine, du Mexique et de Californie. En Nouvelle-Zélande et en Namibie, des programmes de marquage avant relâche sont en cours pour les pêcheurs sportifs.

Point de vue d’un opérateur touristique

Selon le Tour opérateur Marine Dynamics, Wilfred Chivelldes, interviewé par Traveller24’s, « des incidents comme celui-ci pourraient sonner le glas de l’industrie de la plongée en cage à requins (…). Dans un effort pour éviter l’implosion complète de l’industrie de la plongée en cage à requins à Gansbaai, les opérateurs de la zone ont eu recours à un certain nombre de mesures pour préserver cette industrie de l’éco-tourisme d’un milliard de rands (approximativement 60 millions d’euros), qui emploie environ 250 personnes, et soutient indirectement plus de 1 600 personnes : de la proposition d’une petite zone d’exclusion pour la pêche des requins cuivre à la tentative d’indemniser les pêcheurs afin d’assurer la survie de l’espèce ».
« Les exploitants ont versé (aux pêcheurs) près de 900 000 Rands au cours des trois dernières années. La présence des « cuivres » a assuré la viabilité de l’industrie de la plongée en cage à requins à une époque où les grandes observations de requins blancs sont plus rares pour diverses raisons », explique Chivell.

Perte pour toute une industrie touristique

Chivell précise : « Même si nous comprenons parfaitement que les pêcheurs peuvent légalement capturer des requins cuivre, la quantité minimale qu’ils risquent de perdre en ne pêchant pas dans la zone où nous emmenons nos invités ne peut être comparée à la perte de toute une industrie éco-touristique. »

« Si la capture et l’abattage de ces requins se poursuivent dans ce petit secteur précis où nous exerçons nos activités, cela entraînera la fermeture d’entreprises et la perte d’emplois. (…). « Nos entreprises investissent des millions de dollars dans l’infrastructure et le marketing qui profitent à l’ensemble de l’industrie touristique de Western Cape. Nous savons que les voyageurs prennent leurs décisions en fonction des activités disponibles dans une région. La plongée en cage à requins est l’une de ces activités clés », explique Chivell.

Toujours pas de solution…

En août 2019, Chivell et d’autres se sont adressés au ministère de l’Environnement, des Forêts et des Pêches nouvellement fusionné. La ministre Barbara Creecy a indiqué qu’une réunion devrait être prévue pour discuter de la question. Cela ne s’est pas encore produit. Entre-temps, Chivell veut que Creecy déclare une « zone d’exclusion d’urgence » où il est interdit de capturer des requins, de sorte que les exploitants et leurs clients payeurs ne soient pas obligés de surveiller la situation. Notons au passage que les tours opérateurs s’inquiètent de leurs revenus, ce qui est légitime, mais leur discours est plus économique qu’écologique…

Et le point de vue des requins ??

La pêche aux requins n’est pas illégale. Il faut en faire davantage pour arrêter ces activités qui mettent en péril les écosystèmes marins partout dans le monde. D’autant que nous connaissons depuis plusieurs années le rôle essentiel que jouent les requins dans la régulation des écosystèmes marins et les effets négatifs de la surpêche. Selon la célèbre analogie d’Odum (1959) :  » la niche écologique, c’est la profession de l’espèce alors que l’habitat en est l’adresse ».

Shark cage diving industry vs shark fishing in Gansbaai

This past Wednesday (2020, February 19), tour operators were appalled to see a fishing boat catching bronze whaler sharks (Carcharhinus brachyurus) “in full view of where they were busy observing the sharks”. Already harmed by the absence of large white sharks for 18 months, the weak recovery of operators is condemned by such practices.

The copper shark

The International Union for Conservation of Nature (IUCN) has assessed the copper shark as Near Threatened worldwide as this species is highly susceptible to overfishing. Moreover, it is an extremely slow-growing species, with males and females not reaching maturity until 13–19 and 19–20 years of age respectively. It has also a low reproductive rate. Commercial fisheries for the copper shark exist off New Zealand, Australia, South Africa, Brazil, Uruguay, Argentina, Mexico, and China; it also contributes to the bycatch of other commercial fisheries across its range. The meat is sold for human consumption. The copper shark is also popular with recreational fishers in Namibia, New Zealand, Australia, South Africa, Argentina, Mexico and California, predominantly by anglers but also by bowfishers and gillnetters. A « tag and release program » is practiced in New-Zealand and Namibia.

The tour Operator’s point of view

According to the owner of Marine Dynamics, Wilfred Chivell, interviewed by Traveller24’s : « incidents like this could be a “death knell for their shark cage diving industry”. In an effort to prevent the complete implosion of the shark cage diving industry in Gansbaai, operators in the area have resorted to a number of measures to preserve the billion-rand, eco-tourism industry that employs an estimated 250 people, and indirectly supports more than 1 600 dependents – from proposing a propose a small exclusion zone for the fishing of bronze whaler sharks, to trying to compensate the fishermen in order to ensure the survival of the species.

“Operators have paid out close to R900 000 (rands) over the last three years. The presence of the “Bronzies” has ensured the viability of the shark cage diving industry during a time when great white shark sightings are more infrequent due to a variety of reasons,” says Chivell.

Loss of an entire eco-tourism industry

Chivell says, “Whilst we fully understand that fishermen can legally catch bronze whaler sharks, the minimal amount that they stand to lose by not fishing in the same area where we take our guests, cannot compare to the loss of an entire eco-tourism industry.”

“If the capture and killing of these sharks continue in this small and specific area in which we operate, it will lead to companies closing and people losing their jobs. (…). “Our companies invest millions in infrastructure and marketing that benefits the entire tourism industry in the Western Cape. We know that travellers base their decision on where to stay on the activities available in an area. Shark cage diving is one of those key activities,” says Chivell.

No solution yet…

in August 2019, Chivell and others have made contact with the minister of the newly combined Department of the Environment, Forestry and Fisheries, Minister Barbara Creecy, who indicated that a meeting should be tabled to discuss the matter. It has not occur yet. In the meantime, Chivell wants Creecy to declare an “emergency exclusion zone” where catching of any sharks is prohibited, so that the operators and their paying guests aren’t forced to watch on. Note that the tour operators are worried about their income, which is legitimate, but their speech is more economic than ecological…

And the sharks’ point of view ?

Unfortunatly, there is nothing illegal about shark fishing. More must be done to prevent shark catching as we know the essential role sharks play in regulating marine ecosystems, and the negative impact of overfishing.
According to the famous analogy of Odum (1959): « the ecological niche is the profession of the species while the habitat is the address ».


source: https://www.2oceansvibe.com/2020/02/24/theyre-killing-sharks-in-front-of-tourists-in-gansbaai/?fbclid=IwAR1baO1ayrrUmn7dQYjlWJqiQRe2-hpPSZ7rUepqYOEQPC3_vMkjp1iqzY8