Pourquoi consommer du requin est un risque

La chair de requin cache des métaux lourds comme le mercure et des toxines mortelles. Focus sur le pourquoi il ne faut pas consommer de la viande de requin.

Quand le requin devient source d’intoxication

En Indonésie, à Ketapang, un déjeuner scolaire a récemment viré au cauchemar : 24 élèves et professeurs ont fini aux urgences avec nausées, douleurs et vomissements. Au menu, de la viande de requin. L’affaire a rappelé une réalité inquiétante : consommer du requin, en dehors de la question éthique et écologique – les requins pêchés faisaient partie d’espèces protégées -, c’est aussi un risque sanitaire majeur.

L’épisode indonésien illustre ce qui arrive quand on tente de « valoriser un produit local » sans tenir compte des risques et de leurs conséquences. Ce type d’intoxication n’est pas isolé : des cas similaires ont été rapportés dans le Pacifique et l’océan Indien.

Des toxines impossibles à éliminer

En effet, tout cela n’est pas nouveau. Grands prédateurs, les requins accumulent tout ce qui circule dans la chaîne alimentaire : mercure, métaux lourds, toxines naturelles comme la ciguatera. Absorbée par les petits poissons, cette toxine se transmet aux plus gros par la prédation. Puis elle se concentre dans l’organisme des top-prédateurs. Et si vous mangez du requin, sachez que la toxine ne disparaît pas à la cuisson. Ingérée, elle provoque des symptômes graves, parfois mortels.

En 2013 à Madagascar, un requin-bouledogue contaminé à la ciguatera a causé des symptômes typiques, provoquant le décès de 11 personnes. Ces substances neurotoxiques sont particulièrement dangereuses pour les enfants, les femmes enceintes, et de façon plus générale, pour toute personne exposée sur le long terme.

Plusieurs études menées en Australie et aux États-Unis ont également mis en garde contre la consommation de viande de requin, au point que certaines autorités sanitaires recommandent de l’éviter totalement.

D’ailleurs, à La Réunion, l’ANSES a conclu dès 2014 qu’il était impossible de garantir l’absence de toxines dans la chair de requin tigre ou bouledogue. Autrement dit, la commercialisation de la chair de requin ferait courir un risque majeur pour la santé publique. Par ailleurs, les requins ne sont pas les seules espèces de poissons contaminées par la ciguatera…

Protéger la santé et la biodiversité 

De fait, autoriser la commercialisation et/ou la consommation pour des usages réguliers, comme au restaurant, au marché, voire à la cantine, exposerait la population locale à des risques sérieux de santé publique. On sait que le mercure, par exemple, est connu pour s’accumuler dans le corps humain. À forte dose, il provoque des troubles neurologiques et cardiovasculaires, et il est particulièrement dangereux pour les enfants à naître et en bas âge (retards de developpement).

Autoriser la commercialisation de la viande de requin n’est pas une simple question de goût ou de tradition : c’est jouer avec la santé publique. Et donner une autorisation à ceux qui la réclament serait très dangereux pour tous. On parle de neurotoxines, d’intoxications massives, de risques graves pour les plus vulnérables.

Refuser la viande de requin, c’est aussi protéger les océans. Les requins jouent un rôle clé de régulateurs : sans eux, les écosystèmes marins se déséquilibrent, avec des conséquences en cascade sur la biodiversité, la pêche et même le climat. 

Donc, à La Réunion comme ailleurs, l’interdiction de commercialisation reste la seule option pour éviter des drames. Idéalement, il faudrait renforcer les contrôles, notamment de la pêche de plaisance. Dire non à la viande de requin, c’est protéger sa santé, éviter des drames sanitaires, et préserver l’avenir des océans. Informer, sensibiliser et refuser d’en consommer sont trois gestes simples mais puissants pour changer les choses.