Les requins : plus complexes qu’on ne l’imaginait

Peut-on imaginer un requin en train de jouer ?

Une étude récente a imaginé un requin en train de jouer. Ainsi, des chercheurs ont plongé dans un bassin avec des requins divers jouets, tels que des anneaux, « calmars » en plastique, tubes coulants… Ce scénario visait à observer la réaction des squales par rapport à ces objets, en l’absence de nourriture. Résultat : certains requins ont nagé à travers les anneaux, manipulé les objets avec leur nez ou leur queue, les ont mordillés ou les ont heurtés. Il a même semblé que des individus « s’appropriaient » certains jouets, comportement que l’on associe généralement au jeu.

Pour autant, l’étude demeure prudente : les auteurs n’osent parler de « jeu » au sens strict. En effet, on ne peut prouver que les interactions proviennent d’un véritable plaisir, ni qu’elles se produisent en l’absence de stress. Mais cette expérience — la première à présenter des images de requins interagissant avec des objets comme s’ils jouaient — ouvre la porte à une question : et si les requins étaient capables d’une forme d’expérimentation, de curiosité, voire d’une cognition plus riche qu’on ne le soupçonnait ? Les requins : plus complexes qu’on ne l’imaginait ?

Cognition, socialité, apprentissage : des requins intelligents

Des animaux capables d’apprentissage et de socialisation

Des travaux scientifiques récents montrent que les requins ne sont pas de simples machines à chasser. En effet, certains possèdent des capacités cognitives comparables à celles de nombreux vertébrés. 

Et parmi les preuves tangibles : le cas du Requin citronNegaprion brevirostris ). Des chercheurs ont mené une expérience de « social learning » : un requin entraîné à effectuer une tâche simple, puis des individus naïfs observant ce comportement, ont ensuite été capables de reproduire cette tâche seuls. Cela démontre que des requins peuvent apprendre en observant leurs congénères.

Ainsi, la socialité chez les requins n’est pas un hasard : les requins peuvent former des groupes, se montrer sélectifs dans leurs associations, et maintenir des relations sociales stables sur le long terme.

Une intelligence sous-estimée, au service de l’adaptation

Une revue récente montre que les requins et les raies manifestent des capacités cognitives élevées : mémoire, apprentissage associatif, adaptation à des indices environnementaux variés, potentiel d’apprentissage social, etc. Ces aptitudes cognitives peuvent aider les requins à s’adapter à des environnements changeants. C’est un point crucial dans un contexte de perturbations humaines, de destruction d’habitats ou de pollution. Autre exemple d’adaptation : dans le golfe du Mexique notamment, les requins chassent de moins en moins et privilégient les poissons pêchés par les humains…

Pourquoi ces découvertes changent notre regard

Pour beaucoup, le requin reste un prédateur implacable, solitaire, dangereux. Mais ces recherches révèlent une tout autre réalité. Les requins sont des animaux sociaux, capables d’apprendre, d’explorer, avec des comportements individuels variés (certains plus curieux, d’autres plus réservés). Cela induit que chaque requin aurait sa « personnalité ». Les requins : plus complexes qu’on ne l’imaginait.

Ces études permettent de changer notre perception des requins. Passer de la peur à la curiosité, du cliché médiatique à l’empathie, est essentiel. Car mieux connaître, c’est vouloir protéger.

Un argument de plus en faveur de la protection

Et reconnaître que les requins ont des besoins comportementaux, cognitifs et sociaux, c’est admettre qu’ils méritent un environnement sain. Pas seulement un milieu où ils peuvent survivre, mais un milieu où ils peuvent s’épanouir : espace, diversité, stimuli naturels, proies, migrations, interactions. Cela rejoint ce que soulignent les récents travaux sur l’impact des zones protégées sur les populations de requins.

À savoir : l’importance des aires marines protégées efficaces et de corridors pour les relier. Il est plus que nécessaire de préserver leurs habitats : mers et océans. Une stratégie de conservation globale et internationale, fondée sur les résultats d’études scientifiques, est indispensable. Elle existe : il est plus que tps de laisser les scientifiques la mettre réellement en œuvre. Il ne s’agit pas de politique mais de respect et d’équilibre écologique. Il est trop tard pour avoir peur, et pour se laisser manipuler par le sensationnalisme ou le populisme.

Ce que nous devons garder en tête : prudence et humilité

Toutefois :

  • L’expérience des jouets a été menée en milieu captif : ce n’est pas parce qu’un requin manipule un objet étrange dans un aquarium qu’il manifeste ce comportement dans la nature.
  • Les scientifiques eux-mêmes insistent sur le fait qu’ils n’ont pas prouvé que c’était un « vrai jeu » : le plaisir, le stress, l’absence de contrainte, autant de paramètres difficiles à évaluer.
  • La recherche en cognition des requins reste récente. Beaucoup de questions restent ouvertes. Mais ce qu’on sait déjà suffit à justifier un respect renouvelé et des efforts de conservation accrus.

En conclusion : peut-on dire que les requins jouent ?

Cela étant :

  • les indices s’accumulent : socialité, apprentissage, curiosité, individualité. Autant de preuves que les requins sont des êtres complexes, sensibles, dignes de notre respect.
  • Définitivement, les requins : plus complexes qu’on ne l’imaginait.

Pour celles et ceux qui aiment les océans, l’écologie ou simplement la vie sauvage, cela doit nous inciter à changer de regard, à dépasser la peur et l’obscurantisme, et à agir pour la protection des requins.

Pour aller plus loin, sources & réflexions :