Requins : encore tant de choses à découvrir…

On recense actuellement 546 espèces de requins et plus de 600 espèces de raies. Peut-être de nouvelles espèces seront-elles décrites dans le futur ? Probablement plus grâce au travail des laboratoires qu’aux découvertes in-situ… Nos activités humaines polluent les océans, déciment ses habitants. Nous ne connaissons rien – ou si peu – de ce que nous détruisons.

Deux groupes de chercheurs se sont penchés sur les deux espèces de poissons les plus grands connus actuellement : le requin pèlerin Cetorhinus maximus et le requin baleine Rhincodon typus. Ces deux grands animaux se nourrissent principalement de plancton, et sont encore pleins de mystère pour la science.

Le requin pèlerin

En mars 2018, une publication parue dans le Journal of Fish Biology relate les résultats des recherches de 3 scientifiques américains. Leur étude portait sur l’Atlantique nord ouest. Entre 1980 et 2013, ils ont observé, en été et en automne, des rassemblements de requins pèlerins. Ces rassemblements formaient des groupes de plusieurs centaines d’individus, jusqu’à un regroupement de 1398 animaux en 2013 ! Toutefois, ces rassemblements ne sont pas communs : il s’agit d’une dizaine d’observations en tout. L’espèce n’est pas forcément solitaire, mais les groupes observés régulièrement n’excédaient pas 7 individus (99% des 10000 observations étudiées). Selon les scientifiques, ces regroupements sont probablement liés à des besoins de nourriture, de reproduction, de protection. Il est à noter que les quelque 1398 requins pèlerins observés en 2013 étaient en train de se nourrir de zooplancton particulièrement abondant dans la région à ce moment-là.

Le requin baleine

Concernant le requin-baleine, ce sont également les rassemblements massifs qui ont interrogé des chercheurs britanniques. Solitaire aussi à ses heures, le requin baleine forme avec ses congénères des groupes de 10 à 1000 individus de façon saisonnière.

© Fabien Degrigny – Requin-baleine à Nosy Be, Madagascar. Un requin pas toujours solitaire…

On connaît une vingtaine de lieux de regroupement : côtes australiennes, mexicaines, ou encore près des Maldives. Quels sont les points communs de ces lieux ? C’est l’objet de l’étude scientifique de J. Copping, à savoir la topographie sous-marine particulières de ces sites, dont les résultats ont été publiés en juin 2018. Les points communs des sites recensés, conditions nécessaires mais pas forcément suffisantes, sont, selon les scientifiques : des eaux peu profondes situées près de tombants abrupts (pentes récifales ou continentales, monts sous-marins) plongeant de 200 à plus de 1000 mètres de profondeur.  En effet, de façon saisonnière, ces spots sont des zones de haute productivité marine naturelle : le plancton abonde. Il remonte des profondeurs pendant la nuit et constitue une source de nourriture pour les requins baleines. Ces derniers se nourrissent également de petits poissons ou de la ponte du corail dans les eaux peu profondes. Les eaux peu profondes leur permettent probablement aussi de réguler leur température et de se réchauffer après avoir plongé dans les profondeurs, là où la température descend à 4°C.

Deux espèces en danger

Ces deux espèces de requins, capables de longues migrations transocéaniques, sont classées VULNERABLE pour le requin pèlerin et EN DANGER d’extinction pour le requin baleine selon la classification de l’UICN. L’un des intérêts de ces études serait de pouvoir protéger ces espèces sur les lieux de rassemblement identifiés. Il reste encore beaucoup d’interrogations sur ces animaux. On ne peut qu’espérer une décision internationale pour classer ces spots de rassemblement connus en zones de protection du milieu marin.