Sans accès à la mer, le Botswana exporte des ailerons de requins!

Botswana is landlocked, but is still exporting shark fins!

Le Botswana n’a pas de littoral. Pourtant, l’export d’ailerons de requins s’y pratique et représente une valeur estimée de 17 millions de pula du Bostwana, soit environ 1,25 millions d’euros. Les destinataires sont les pays voisins, comme l’Afrique du Sud. Les informations sur cet « export d’ailerons de requins » proviennent du Centre du Commerce International (CCI) et de la base de données Comtrade des Nations Unies.

Botswana has no coastline, yet it is still exporting shark fins worth P17 million (R24 million) to neighbouring countries, including South Africa, according to the International Trade Centre (ITC) and the UN’s Comtrade database.

Des requins clandestins ?

Le gouvernement du Botswana n’est pas en mesure d’expliquer ces chiffres. Pourtant, ils reflètent le total de l’export d’ailerons de requins en 2018 et pour quelques-unes des années précédentes. Le gouvernement a exprimé des craintes selon lesquelles de puissants syndicats – lesquels ? – utilisent le pays pour faire passer clandestinement des produits provenant de requins dont les espèces sont considérées comme menacées et inscrites à la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d’extinction (CITES), dont le Botswana est signataire. Mais comment et d’où ces requins arrivent-ils au Bostwana ?

Any illegal immigrant sharks ?

The Botswana government is unable to explain the figures, which reflect shark fin exports in 2018 and some years prior to that. It has expressed fears that powerful syndicates are using the country as a conduit to smuggle products of shark species listed as endangered by the Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora (CITES), of which Botswana is a signatory. But how and from which countries do these illegal immigrants sharks come ?

Un requin en train d'agoniser, victime du finning (découpe des ailerons) ©DR/internet
Un requin en train d’agoniser, victime du finning (découpe des ailerons) ©DR/internet

Une industrie de 1 milliard de dollars US

Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les données du CCI montrent que le Botswana fait partie des pays qui font le commerce de produits à base de requins (export d’ailerons de requins). C’est une industrie d’une valeur estimée à 1 milliard de dollars par an ! En tant que membre de l’ONU, le Botswana doit présenter chaque année ses statistiques commerciales à la Division des statistiques des Nations Unies. Selon ces données, l’export d’ailerons de requins se fait principalement vers l’Afrique du Sud et la Zambie. On présume alors qu’ils sont réexportés, mais on ne sait pas d’où ils proviennent.

A noter que l’Afrique du Sud – qui est également tenue de communiquer ses chiffres commerciaux à l’ONU – n’a pas enregistré ces importations. Ce qui alimente les soupçons de contrebande illégale.
Selon la base de données du CCI, les ailerons sont séchés, fumés ou conservés dans la saumure. En l’état, ils servent d’ingrédient principal dans la soupe d’ailerons de requin, plat de fête traditionnel chinois.

A US$1 billion industry

ITC data show that Botswana is among a number of countries that trade in shark products – an industry worth $1 billion (R17 billion) a year, according to a Food Agriculture Organization (FAO) report. As a UN member, Botswana must report its trade statistics to the organisation’s statistics division on an annual basis. According to the data, most of the shark fins are exported to South Africa and Zambia. They are then presumably re-exported, but it is not clear where they originate.

Interestingly, South Africa – which is also required to report its trade figures to the UN – has not recorded these imports, fueling suspicions of illegal smuggling. The ITC database shows that the fins are dried, smoked or preserved in brine. They are used as the main ingredient in shark fin soup, a traditional Chinese delicacy.

Une pratique barbare et criminelle

La découpe des nageoires de requin – finning – est un processus barbare qui consiste à trancher les nageoires de requins vivants et à rejeter les poissons blessés à la mer. Incapables de nager, ils coulent et suffoquent car ils ne peuvent plus respirer. En effet, pour la plupart des espèces de requins, la nage leur permet d’extraire l’oxygène de l’eau via leurs branchies. Sans ailerons, ils meurent dans d’atroces souffrances : hémorragie, suffocation, et, à l’occasion, mangés par d’autres prédateurs.

A barbaric and criminal practice

Shark finning is a gruesome process which involves slicing the fins off live sharks and tossing the wounded fish overboard, where they sink to the bottom of the sea. There, unable to swim and extract oxygen from water passing over their gills, they either suffocate, die of blood loss or are eaten by other predators.

Contrebande ou erreur de rubrique ??

Toujours selon le rapport de la FAO, l’Afrique du Sud est l’un des pays qui a importé des ailerons de requins du Japon. Soulignons que le Japon est le 7ème exportateur mondial d’ailerons de requins.
Moeme Batshabang, directeur adjoint par intérim du Département de la faune et des parcs nationaux du Botswana, était déconcerté : « Il est choquant de constater qu’en 2015, le Botswana se classait au 2e rang derrière le Brésil pour ce qui est de l’export d’ailerons de requins. Nous ne savons pas vraiment comment cela s’est produit », a-t-il déclaré.

M. Batshabang a suggéré que les ailerons de requins apparaissant dans la base de données du CCI pourraient avoir été réexportés par des contrebandiers. Il a toutefois ajouté que des erreurs dans la saisie des données pourraient également être responsables de leur inscription sous cette rubrique. Il a souligné que certaines des marchandises que le Botswana exportait en Afrique du Sud sous la rubrique « ailerons de requins, système harmonisé, code 030571 » en 2019 étaient en fait un produit différent.

Smuggling versus column error?

The FAO report lists South Africa as one of the countries that imported shark fins from Japan, the world’s seventh-largest exporter of this commodity. Moeme Batshabang, acting deputy director in Botswana’s department of wildlife and national parks, was baffled. “It’s shocking that in 2015, Botswana was second only to Brazil in terms of shark fin exports. We don’t really know how that happened,” he said.

Batshabang suggested that the shark fins appearing in the ITC database might have been re-exported by smugglers, but added that errors in capturing the data might also be responsible for their listing. He pointed out that some of the goods Botswana exported to South Africa under the heading of “shark fins, harmonised system, code 030571” in 2019 were found to be a different product.

L’enquête continue…

« Après avoir été avisés, nous avons commencé à vérifier les informations concernant les exportations avec des experts. Un certain nombre d’entreprises soupçonnées d’être impliquées ont été interrogées », a déclaré M. Batshabang.
« L’une des entreprises soupçonnées d’avoir participé au dédouanement des marchandises a révélé que les produits comprenaient des vers de mopane* séchés et du poisson en conserve. »
M. Batshabang a contesté les suggestions selon lesquelles le Botswana était un canal pour l’export d’ailerons de requins en raison de sa législation laxiste concernant la contrebande des produits de la faune.
« Nous sommes membres de la CITES et adhérons à ses procédures. (…) Si les entreprises veulent faire le commerce de produits d’animaux réglementés comme les requins, elles doivent obtenir des permis d’importation et d’exportation », a-t-il expliqué. Il a précisé que le gouvernement du Botswana enquêtait toujours sur cette affaire.

The investigation still goes on…

“After a tip-off, we started verifying information about the exports with experts. A number of companies that were suspected of being involved were questioned,” Batshabang said. “One of the companies suspected of being involved in clearing the goods revealed that the products included dried mopane* worms and tinned fish.” Batshabang disputed suggestions that Botswana was a conduit for the export of shark fins because of its lax legislation regarding the smuggling of wildlife products. “We’re a member of CITES and subscribe to its procedures. If companies want to trade in products of regulated animals like sharks, they’re required to obtain import and export permits,” he explained. He said the Botswana government was still investigating the matter.

Source : news24.com article date 2020/07/05 from Calistus Bosaletswe

*mopane : mopane ou mopani (Colophospermum mopane) est un arbre d’ Afrique australe. L’arbre est une source importante de nourriture pour le ver mopane, la chenille de Gonimbrasia belina. Les chenilles sont riches en protéines et couramment consommées. La vente de vers mopane grillés ou séchés peut contribuer de manière significative à l’économie rurale.