The « shark’s tagging » or/ou le marquage des requins : pour qui, pourquoi, comment ? for whom, why, how ?

Le marquage des requins avec des balises satellite (ou « tag ») existe depuis une dizaine d’années. En 2011, on recensait 200 programmes dans le monde. Il ne s’agit là que de programme officiels connus et développés par des instituts de recherche scientifique. Une moyenne de 10 balises par programme, et sous réserve que ces dernières soient posées correctement et fonctionnent, peut permettre une estimation de 2000 requins taggés….

Certains programmes, plus ambitieux et plus riches, peuvent compter jusqu’à 50 balises satellites à poser. Et il existe également des programmes institutionnels non recensés, ainsi que des programmes de tagging réalisés plus ou moins bien par des structures de type associatifs, ayant finalement un intérêt scientifique faible. Moins riches, elles ne marquent qu’un ou deux requins. Leur motivation ? Faire avancer la science ? mais les résultats obtenus avec une ou deux balises présentent-ils un réel intérêt scientifique ? Peut-être s’agit-il plus de parler des requins…ou de soi ?….  Mais attention, un tag satellite ne se place pas n’importe où et il ne suffit pas d’être plongeur ou chasseur sous-marin. En taggant un requin, on inflige une blessure à l’animal qui peut présenter un risque sanitaire.

Les deux fournisseurs de balises satellites utilisées à ce jour sont américains. Une balise coûte environ 3000 US$. Les programmes disposent donc de moyens importants : 30000$ de balises, plus la location d’un bateau et d’un équipage pour une expédition, la présence des scientifiques …. pourquoi ? Une meilleure connaissance des requins. Certes mais dans quel but ?… Si les meilleurs scientifiques travaillent pour augmenter nos connaissances, il ne faut pas négliger la course à la publication scientifique à laquelle ils sont soumis: « publier ou périr »! Les chercheurs sont eux aussi désormais soumis au « rating » de l’Impact Factor et donc à une forme de rentabilité en terme de publications. Et, une fois de plus, ce sont bien les requins qui en font les frais.  Certes, nous ne disposons que de peu d’informations sur les 1200 requins, raies et chimères qui existent.  Cela étant, ne faudrait-il pas créer des passerelles entre ces programmes au nom de la connaissance plutôt que de lancer de nouveaux programmes et mettre en péril des animaux dont les stocks estimés sont en danger ? Une mise en commun intelligente des informations permettrait peut être d’éviter un excès de taggage… Aujourd’hui,  – et malheureusement – le marquage de requins a un petit côté « marketing » en faveur de l' »éco-tourisme » ou autre cause plus ou moins défendable…

Outre la pose même du tag qui n’est pas à laisser en toute les mains, comme déjà mentionné, d’autres risques pèsent sur le requin marqué d’une balise.

Les risques encourus par les requins

En dehors d’une mauvaise pose, notamment avec une perche où le risque de blessure de l’animal est plus important, et la défaillance du matériel (1 balise sur 4 donne des résultats exploitables), le simple fait de marquer des requins a un impact, notamment s’il s’agit de requins de petite taille et de requins moyens.

La pose d’un tag ne se fait n’importe comment ni par n’importe qui. Il faut d’abord bien sélectionner l’animal : un adulte en tout état de cause. Pourquoi ? un tag sur un requin-baleine juvénile ne le transforme pas en proie vu sa taille, mais sur un jeune carcharinidé, il devient une proie pour les requins plus gros. De plus, un tag peut gêner le requin dans sa quête de nourriture  : cela le freine, mais la balise émet également des ondes perçues par des prédateurs plus gros (électro-réception). Et surtout, un problème majeur que celui du fooling ou salissures marines qui s’accumulent sur la balise et freinent le requin dans ses déplacements. C’est un problème évident pour un prédateur : il n’est plus capable de chasser correctement, et, affaibli, peut mourir de faim ou devenir une fois de plus une proie.

La durée de vie d’une balise bien posée est de 18 mois. A ce moment-là, elle quitte le requin et « remonte » à la surface. C’est un équipement très complexe : les ondes radio ne passent pas dans l’eau. Il y a donc sur la balise une cellule qui mesure la luminosité (lever du jour/coucher du jour) afin de pouvoir calculer la latitude et la longitude, et donc la position. C’est le modèle théorique, mais l’algorithme  doit également tenir compte du fait que certains poissons peuvent plonger jusqu’à plus de 1000 m de profondeur où il n’y a plus de lumière. Il faut tenir compte aussi d’un milieu qui n’est pas transparent et de la météo, nuageuse ou pas. La balise intègre également un thermomètre mesurant la température de l’eau, ce qui permet d’affiner la position de l’animal étant donné qu’il existe des cartes assez précises de températures des océans.

On peut espérer une mise en commun des connaissances, qui n’a rien d’évident à l’heure actuelle… Quoiqu’il en soit, l’avenir des balises satellites existantes  passe par leur miniaturisation, ce qui – on le souhaite – devrait minimiser les risques pour les requins….

Tagging sharks with satellite tags has existed for a decade. In 2011, there were 200 well-known formal programs in the world developed by scientific research institutes. Each program installed an average of 10 tags. Provided that they are installed correctly and function, this system has allowed an estimate of 2,000 sharks to be tagged …. 

Richer and more ambitious programs are able to install up to 50 satellite tags. And there are also unidentified institutional programs and tagging programs carried out by associations, whose scientific interest is questionable. They tag only one or two sharks, because their funds are low. We wonder what their goals are: scientific progress?   Do  the results with one or two tags present a genuine scientific interest? Perhaps is it just to be able to talk about the sharks … or themselves? …. You have to be careful, you cannot put a satellite tag anywhere on a shark, and it is not enough to be a diver or spearfisher. Tagging a shark also means inflicting an injury on the animal, and this may pose a health risk to him.

 

 

The two providers for satellite tags today are American. A tag costs about $ 3000. U.S..Programs need  significant resources then: $ 30,000 for tags, plus the boat rent and a crew for each expedition, with the presence of scientists …. why? To understand the sharks. Of course, but what is the real goal? … If the best scientists are working to increase our knowledge, they are also subjected to the rat race to publish: « publish or perish »! Researchers are also now confronted with the « Impact Factor » rating, which rates the profitability factor in a publication. And, once again, sharks are paying the price. It is true we have only limited information on the 1200 sharks, rays and chimaeras that exist. However, should we not build bridges between these programs in the name of knowledge rather than launch new programs and endanger animals whose numbers are limited and at risk? An intelligent pooling of information could avoid excessive tagging … Today, unfortunately, the shark tagging has a small « marketing » aspect to it, in favor of « ecotourism » or some other more or less worthy cause …

Apart from the actual installation of a tag, (which, as already mentioned, should not be done by just anyone), other risks weigh on tagged sharks:

 

Apart from badly performed tagging, such as with a pole which increases the risk of injury to the animal, and equipment failure (1 out of 4 tags yields viable results), simply to mark a shark has an impact, especially in the case of small and medium sized sharks.

The risks for the sharks

Installing a tag is not to be performed in any which way by just anyone. First you have to choose an animal. In any event, an adult. Why? A tag on a juvenile whale shark, because it is so large, does not turn it into prey, but a young tagged carcharinidae may become prey for larger sharks. In addition, a tag may interfere with the shark’s quest for food: it slows it down, and the tag also emits waves that larger predators would sense (electro-reception). And above all, a major problem is the fooling and dirt that accumulates on the tag and inhibits the shark in his travels. This is an obvious problem for a predator: it may no longer be able to hunt successfully, and weaken. It could starve and then, alas, become prey.

 

The lifetime of a properly installed tag is 18 months. At that time, it leaves the shark and “floats up” to the surface. A tag is a highly complex piece of equipment: radio waves do not pass into the water. So on the tag there is a cell that measures luminosity (sunrise / sunset) in order to calculate latitude and longitude, and therefore the shark’s location. This is the theoretical model, but the algorithm must also take into account the fact that some fish can dive down to more than 1000 m deep, where there is no light. In addition, the ocean is not a transparent environment, and the weather, cloudy or not, is also a factor. A thermometer measuring the temperature of the water is integrated into the tag. Since fairly accurate maps of ocean temperatures now exist, this helps determine a more precise location of the animal.

Hopefully we will progress toward shared knowledge. This does not seem to be the case right now… We do know though that the future of existing satellite tags is through their miniaturization, which, we hope, would minimize the risk for sharks ….