Polynésie: effets visibles de l’interdiction de la pêche aux requins

En 2006, la Polynésie Française a voté un moratoire pour interdire la pêche aux requins pour une durée de 10 ans, après avoir interdit la pêche aux ailerons en 2004.
Est-ce un effet positif de cette interdiction de pêche aux requins?
On veut y croire car depuis deux ans, plusieurs requins tigres (Galeocerdo cuvier) sont régulièrement observés à Rangiroa, dans l’archipel des Tuamotu, par les pêcheurs et les plongeurs. Plusieurs signifiant « plus qu’avant »…
@ tous droits réservés - photo Y. Lefèvre
Les grands prédateurs comme les requins ont un cycle biologique qui les rend vulnérables aux effets d’une menace extérieure comme la pêche.
Avec une maturité tardive, des gestations longues, un nombre limité de petits par portée, la raréfaction des proies naturelles, la survie de ces espèces dépend des individus adultes vivant assez longtemps pour se reproduire plusieurs fois et renouveler leur population.
Qui plus est, la disparition d’une espèce en milieu marin a un impact encore plus large qu’en milieu terrestre car les aires de distribution ne connaissent pas les mêmes limites, imposées sur terre par l’activité humaine: quelques milliers de kilomètres en mer contre quelques dizaines, voire centaines dans le meilleur des cas sur terre. De fait, un évènement survenant à un endroit donné influence des espèces situés à des milliers de kilomètres de là, notamment via le jeu des courants marins.
 
On aimerait que la France suive l’exemple polynésien en la matière, en votant enfin l’interdiction de pêche aux requins dans les eaux françaises, sans plus tergiverser sur les délais et autres demandes d’études complémentaires.